Vue sur la mer (Libre^^)

Le port de Yule offrait une vue imprenable sur la mer. Mais quelle mer! D'après ce que la jeune femme pouvait se rappeler du port de Quocad, l'atmosphère était toute différente. La région tropicale de Quocad était toujours très chaude, les moustiques étaient choses courantes et l'organisation des navires marchands commerçant dans le port était beaucoup moins agréable à observer que celle de Yule.
Ici, les marins paraissaient tous travailleurs et souriants, ou du moins la plupart d'entre eux. Les navires alignés le long des quais donnaient une impression d'ordre et de calme apaisant l'esprit de la jeune femme.

Katala était assise sur une vieille caisse, adossée contre une taverne affichant une pancarte sur laquelle étaient gravés les mots; Fermé pour la semaine.
Malgré l'odeur de poisson avarié émanant de son siège, la jeune femme restait là, impassible. Elle avait utilisé sa dernière pièce pour son repas de la veille. Maintenant, elle allait être obligée de trouver un client. Quelqu'un qui ne fuierait pas devant elle en l'entendant se présenter. Malheureusement, c'était quelque chose qui n'arrivait que trop souvent. Une chose était pourtant sûre; tant qu'elle demeurerait sur sa caisse sentant le poisson, elle ne gagnerait pas un sou. Elle jeta un dernier regard à la mer assombrie par le soleil couchant, soupira puis se releva.

La robe de Katala était toute froissée, mais la jeune femme avait eu de la chance ces derniers temps. Elle avait pu se laver correctement, et sa chevelure aux reflets violets avait repris un peu de leur douceur. Une fatigue soudaine la gagnait tandis qu'elle avançait le long des quais. La chance avait peut-être tourné en sa faveur dernièrement, mais apparemment, elle était déjà repartie.
Les marins étaient tous occupés dans les tavernes et les auberges, et pas âme qui vive ne se trouvait maintenant à flâner sur le chemin. L'estomac de la jeune femme émit quelques grognements. Katala baissa la tête et s'observa un instant. Pendant un temps, elle avait eu bonne fortune.
Mais dernièrement, elle devenait si pauvre qu'elle était incapable de se dénicher une nourriture convenable.

Peut-être devrait-elle se trouver un emploi dans un établissement sûr et s'établir en ville. Ce serait le meilleur moyen de subvenir à ses besoins. Mais voilà.
Une personne qui ne savait comprendre les gens qu'en lisant sur leurs lèvres était une personne inintéressante. Et c'était la malheureuse raison pour laquelle Katala n'arrivait pas à réussir sa vie.
Elle secoua la tête pour s'éclaircir les idées et continua à marcher, portant de temps à autres son regard sur l'horizon maritime. L'odeur du sel et du poisson attaquait ses narines, mais elle l'ignorait.

» Matinée contrariée [libre] [Terminer]